Nouveau report de l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen

Les perspectives d’adhésion à l’Espace Schengen s’éloignent encore pour les Roumains et les Bulgares. Les Etats Membres de l’UE ont à nouveau refusé leur accession à cet espace de libre circulation le 7 mars dernier.

Carte de l'espace Schengen en 2013. Source : touteleurope.eu

Carte de l’espace Schengen en 2013. Source : touteleurope.eu

Les raisons de ce nouveau refus sont multiples. En Roumanie la corruption, qui gangrène l’ensemble des institutions, est pointée du doigt. De plus la faiblesse des contrôles des flux migratoires est critiquée, malgré d’importants moyens consacrés pour y remédier. En outre, l’Europe ne semble pas avoir confiance, sur le plan géopolitique, dans le nouveau gouvernement de Bucarest.

En Bulgarie, les problèmes de corruption et de frontières sont aussi blâmés. Le système judiciaire bulgare semble également être mis en cause. En effet, les tribunaux ont particulièrement du mal à lutter contre le crime organisé, en dépit des moyens mis en œuvre pour y remédier. Et puis, la crainte d’une immigration économique massive habite et préoccupe encore les esprits de certains Etats membres et nourrit cette décision.

Des réactions mitigées

Autant au sein des diasporas que des populations vivant sur place, certains semblent accepter la décision de l’UE. Leur pays ne remplirait pas encore l’ensemble des conditions nécessaires.

Néanmoins, la plupart des Roumains et des Bulgares sont déçus, voir révoltés, par ce nouveau refus.

D’autres réagissent plus violemment contre ce report car ils estiment que les raisons avancées ne sont pas suffisantes. Ainsi, même au plus haut niveau de l’administration, on s’insurge contre cette décision. Le Ministre des Affaires Étrangères roumain, Titus Corlatean, a ainsi déclaré que « les Roumains pourraient vivre sans Schengen dorénavant, tout comme ils ont survécu sans Schengen jusqu’à maintenant et la Roumanie cessera d’être intéressée par Schengen [s’ils n’y sont pas acceptés] »

Malgré les divergences, la plupart s’accorde sur la symbolique de cette décision. En dépit de la bonne volonté dont font preuve Bucarest et Sofia, l’U.E. continuerait de considérer les Roumains et les Bulgares comme des citoyens de second rang, en refusant de leur accorder des droits similaires aux autres Européens.

Marine Vigato

Des porte-bonheur pour fêter le printemps

Si les Japonais fêtent le printemps sous les cerisiers en fleurs, les Bulgares et les Roumains, eux,  l’accrochent au poignet par de petits bracelets rouges et blancs. Ces « martenitsa » ou « martisoare » rappellent qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. 

MartenitsaChaque premier mars, tous les Bulgares, qu’ils soient agriculteurs ou ministres, s’offrent  et arborent fièrement sur leur veste ou à leur poignet des martenitsa, bracelets tressés de fils de laine ou de soie blancs et rouges, à l’occasion de la fête de Baba Marta (Grand-Mère Mars). Le folklore bulgare associe l’image de la grand-mère Baba Marta au mois de mars car comme cette vieille femme au caractère acariâtre, l’humeur du mois de mars est changeante. Même les animaux se voient ornés de martenitsa. La coutume veut que l’amulette soit portée tout au long du mois de mars jusqu’à l’apparition des premiers signes du printemps qui peuvent se manifester par un bourgeon en fleurs ou encore par le retour d’un oiseau migrateur, traditionnellement d’une cigogne. Le petit cordon blanc et rouge doit alors être placé sous une pierre ou accroché aux branches d’un arbre.

Une longue tradition

Symbole de la joie de vivre et de l’espoir, la première martenitsa est apparue le 1er mars 681. Selon la légende, le fondateur du royaume bulgare, Khan  Asparoukh, promet à sa femme de lui envoyer un pigeon voyageur portant un fil blanc à la patte en cas de victoire contre les Byzantins. Ainsi, après une difficile mais victorieuse bataille et fidèle à sa promesse, il détache un fil de sa chemise blanche taché pourtant de quelques gouttes de sang.

Les Bulgares sont tellement attachés à la perpétuation de cette tradition qu’un des principaux quotidiens du pays, Standart, a lancé en 2012 une campagne pour l’inscription de la tradition au patrimoine mondial de l’UNESCO. « La martenitsa est une des traditions bulgares les plus authentiques. Dans le monde contemporain sans frontières la martenitsa nous rend, nous, les Bulgares, différents, uniques, intéressants. » a expliqué le rédacteur en chef.

Vendeurs de mărțișor à Chișinău en Moldavie, autre pays où la tradition est très suivie

Vendeurs de mărțișor à Chișinău en Moldavie, autre pays où la tradition est très suivie

L’artisanat des martenitsa représente aujourd’hui un chiffre d’affaires annuel stable d’environ 15 millions d’euros d’après le journal Pressa, autant dire que les petits bracelets apportent effectivement bonheur et prospérité à certains.

En Roumanie aussi

 Du côté de la Roumanie voisine, les martisoare présentent une symbolique tout aussi forte et trouvent leur origine dans l’imaginaire rural roumain. Certains affirment même que les martisoare seraient un héritage direct du peuple Dace qui peuplait l’actuelle Roumanie sous l’Antiquité. Quoiqu’il en soit, les ethnologues s’accordent à dire qu’il s’agit d’un rite païen lié aux divinités de l’agriculture et aux cycles de la germination et de la fertilité. Les paysans fêtaient le printemps en attachant des fils rouges et blancs sur les arbres ou sur les cornes des vaches, le rouge évoquant la vitalité, la passion, et le blanc, la pureté et la paix.

A partir du XXème siècle, la tradition s’étend aux zones urbaines. Sous la dictature communiste, les martisoare sont laïcisés et récupérés par la propagande. En broches en forme de fleurs ou de cœurs, ils s’affichent alors le 8 mars à l’occasion de la journée des droits des femmes pour «rendre hommage à nos camarades mères, épouses, sœurs et collègues en lutte pour leur émancipation » comme l’affirme un slogan communiste des années 50. La vente des martisoare sur les places publiques est alors l’une des seules occasions de commerce privé. Aujourd’hui, les jeunes Roumains font perdurer la tradition à leur manière. Ils expriment toute leur créativité en utilisant de nouveaux matériaux tels le verre ou les matières recyclées dans la confection des martisoare devenus de véritables accessoires de mode.

Léa Letur

Contestation politique en Roumanie

Depuis le 13 janvier 2012, le peuple roumain a commencé à protester à Bucarest contre les politiques d’austérité mise en œuvre par le gouvernement d’Emil Boc

Au début, Les manifestants se sont mobilisés contre un projet de loi qui prévoyait la privatisation du service SMURD, le Service Mobile d’Urgence Réanimation, soit le SAMU roumain.  En réaction, le Ministre de la Santé Raed Arafat a renoncé à sa fonction. Tout ceci s’est ajouté aux frustrations accumulées au fil du temps, notamment depuis la diminution des retraites et des salaires de début 2011.

Le désir du peuple de changer le Président

La pression des foules est dirigée particulièrement vers le président Traian Basescu, qui refuse, pour l’instant, de démissionner. Le mécontentement des gens envers le Président est alimenté par une image de plus en plus négative qu’il a devant l’opinion – ce peuple qu’il a fini par défier, voire à tourner en dérision. La population désire un changement de président, mais en même temps, les électeurs sont bien conscients qu’une alternative fiable n’existe pas pour le moment.

Le gouvernement cède à la pression du peuple

La cible des protestations n’était pas seulement le Président mais aussi le Gouvernement. Même si la situation ne laissait pas entrevoir cette possibilité, le Premier Ministre Emil Boc a pourtant présenté sa démission le 8 février 2012. Ainsi, Boc a été remplacé par un nouveau Premier Ministre, Mihai Razvan Ungureanu. Ce bouleversement a entrainé le remaniement de tout le cabinet ou presque. Les seuls ministres qui seront gardés dans le cadre du nouveau gouvernement sont ceux des domaines de l’agriculture, de l’intérieur, de l’économie, des finances et des communications. Un changement qui cependant n’apaise pas encore la rue.

Andreea Nagy