Le réveillon du 24 décembre, la bûche, la messe de minuit et la découverte des cadeaux sous l’arbre de Noël le lendemain matin… Dans les Balkans, cette célébration de la tradition chrétienne se fête autrement et puise ses racines dans le paganisme.
Dans les pays majoritairement orthodoxes, les fêtes suivent aussi le calendrier julien, Noël est donc célébré le 7 janvier. Les traditions varient aussi de pays en pays et ne sont pas les mêmes à la campagne et à la ville. Le 6 janvier, jour le plus important, s’appelle Badnji Dan (le jour des branches). Le matin, tout le monde se lève tôt pour partir chercher le « badnjak », une branche de chêne sec, le seul arbre qui ne perd pas ses feuilles en hiver. A la campagne, c’est dans les forêts que le père coupe un petit tronc de chêne avec une hache. Les enfants en arrachent des petites branches qui portent encore des feuilles. Trois ou quatre badnji sont ensuite déposés devant la maison. Les gens passent toute la journée avec leur famille et l’on commence à préparer le repas pour le lendemain. Selon la tradition, chaque famille cuisinent un ou deux porcs. Le cochon est ainsi embroché soit sur un tronc d’arbre, soit sur une broche en fer. Grillé, il est farci de morceaux de pain. Pendant ce temps, la famille se réunit autour du foyer qu’on appelle « ognjište », pour boire de l’alcool en chantant des chansons traditionnelles. Le festin, lui doit attendre. La viande est emballée et conservée pour le lendemain matin. Le soir de Badnji Dan, la famille part à l’église la plus proche où les badnji de chaque foyer sont rassemblés. Le prêtre met le feu au bûcher ainsi constitué. L’origine de badnjak viendrait de la naissance de Jésus, quand les bergers qui sont arrivés à Bethléem ont brûlé du bois pour réchauffer l’enfant nouveau-né. On dit aussi que les étincelles qui sortent avec la fumée apporteront du bonheur aux gens pendant toute l’année suivante.
« Hristos se rodi, vaistinu se rodi !»
Le 7 janvier au matin, tout le monde attend avec impatience la visite du « polaznik ». Cette personne, désignée par la coutume, rend chaque année visite à la même famille et lui souhaite du bonheur en lançant des graines de seigle sur le seuil de la maison. Cette symbolique de richesse et fécondité est accompagnée par les prières du polaznik qui annonce à la famille : « Hristos se rodi », signifiant « Christ est né » et en recevant comme réponse traditionnelle : « Vaistinu se rodi » qui signifie « La vérité est née ». Il est coutumier d’offrir au polaznik, un petit cadeau symbolique.
A ce rituel s’enchaîne un déjeuner immense où l’on mange la viande de porc de la veille, froide, accompagnée souvent de « sarma », un plat de viande hachée et de riz emballées dans une feuille de chou. Certaines familles décorent l’arbre de Noël à l’occidentale et s’offrent également les cadeaux mais ceux-ci restent des cadeaux symboliques plutôt que des cadeaux de valeur.
La galette des rois « à la balkanique »
« Le roi c’est celui qui trouve la fève »… ou de la monnaie ! En Serbie, Bosnie et Macédoine, la tradition se ressemble beaucoup. On prépare un gâteau qu’on appellerait en France la galette des rois sauf qu’à l’intérieur ce n’est pas une fève mais de petites pièces de monnaie qu’on introduit dans la pâte avant qu’elle ne soit cuite. La tradition dit que celui qui trouve une pièce dans ce gâteau qu’on appelle « pogača » ou encore « česnica », sera heureux tout au long de l’année suivante.
En Bulgarie, une tradition de bûche quasi alchimiste
Contrairement à la coutume française, la bûche de Noël bulgare ne se mange pas – elle s’allume. Il s’agit vraiment d’un morceau de bois, chêne ou hêtre, dans lequel le chef de la famille perce un trou où on met de l’encens, du vin rouge et de l’huile d’olive et ensuite on le couvre de cire d’abeille et on l’allume. Après ce rituel d’alchimiste, la famille observe avec soin les étincelles qui s’en dégagent. S’il y en a beaucoup, l’année sera féconde. La bûche doit ensuite rester allumée toute la nuit pour chasser les mauvais esprits.
Les traditions des pays balkaniques, de même que leurs appellations trouvent souvent des origines communes, souvent païennes dans leurs manifestations. Dans les Balkans, Noël reste un moment de paix et de joie que l’on partage avec ses plus proches.
Zuzana Slabáková